La pleine
conscience de l’incertitude, de l’aléa, de la tragédie dans toutes choses humaines
est loin de m’avoir conduit à la désespérance. Au contraire, il est tonique de
troquer la sécurité mentale pour le risque, puisqu’on gagne ainsi la chance. Les
vérités polyphoniques de la complexité exaltent, et me comprendront ceux qui
comme moi étouffent dans la pensée close, la science close, les vérités
bornées, amputées, arrogantes.
Edgar Morin (Le
Paradigme perdu, p. 233, Points no 109).
Rigueur,
ouverture, disponibilité, intégrité, bon sens, organisation, anticipation, écoute
active, autodiscipline, capacités analytiques, diplomatie, leadership,
transparence, proactivité, capacités relationnelles, professionnalisme… Voilà
tout ce qu’on demande à un chef de projet aujourd’hui : de réunir l’ensemble de
ces qualités… et la liste pourrait s’allonger. Un « mouton à cinq pattes »,
allez-vous dire. En effet, dans un environnement complexe, de surcroît,
contraint par le time to market, il doit (faire) développer un produit au
moindre coût dans des délais de plus en plus courts avec une qualité irréprochable.
Capitaine du
navire, chef d’entreprise ou chef d’orchestre, clé de voûte de l’édifice que constitue
son équipe, le métier de chef de projet est loin d’être simple et confortable !
D’autant que si tout va bien, il recueille rarement les félicitations du client
ou de sa hiérarchie (« après tout, il n’a fait que son travail ! ») ; en revanche,
si quelque chose tourne mal, il en sera responsable.
En référence à
la métaphore de Jérôme Barrand, dans son ouvrage sur Le Manager agile1, on
pourrait comparer le chef de projet à « Tarzan » dont le talent est « avant
tout d’être sensible aux signaux pertinents dans la jungle, univers d’ombre et
de "bruit", univers de turbulence fait de menaces d’espèces
concurrentes et d’opportunités végétales et animales ! Son talent a alors été d’inventer
tous les jours des solutions innovantes pour survivre puis de trouver un
équilibre et surtout de communiquer malgré tout avec tous les acteurs de son
environnement […] ».
Débutant ou
expérimenté, n’avez-vous jamais ressenti ce sentiment de solitude dans cette jungle
qu’est l’entreprise, un univers dans lequel risques et menaces rendent le
chemin plus ardu ? Ne vous êtes-vous jamais senti à cours d’imagination pour
trouver des réponses et des solutions aux écueils rencontrés ? N’avez-vous
jamais été envahi par l’incertitude liée à l’imprévisibilité des événements ? N’avez-vous
jamais rencontré de difficultés
à mobiliser
tous les membres de votre équipe ? N’avez-vous jamais eu l’impression d’être
abandonné par votre hiérarchie ? Pouvez-vous, enfin, affirmer avoir réussi tous
les projets que vous avez menés ?
Être chef de
projet est un métier passionnant mais difficile à exercer. Avant tout, parce que
le chef de projet, lui-même, doit être multicompétent : c’est-à-dire maîtriser
les techniques de gestion de projet, appréhender, chaque fois, les spécificités
du projet et en plus être un bon leader d’équipe. Ensuite, il est souvent seul,
pour faire face, notamment, à l’incertitude qui l’entoure. Alors, gérer un
projet serait-ce une mission (im)possible ?
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